Le cas de quatre enseignantes brûlées à l'acide relance le débat sur les violences faites aux femmes. New Delhi Correspondant
Quatre jeunes femmes âgées entre 20 et 26 ans ont été attaquées à l'acide, mardi 2 avril, dans un village de l'Etat de l'Uttar Pradesh, dans le nord de l'Inde, à la sortie de l'école où elles sont enseignantes. Les deux agresseurs à moto ont pris la fuite. Deux des victimes, gravement brûlées au visage, ont été hospitalisées tandis que les deux autres, plus légèrement atteintes, ont pu rejoindre leur famille après avoir subi un traitement d'urgence.
Cette nouvelle affaire de violence contre les femmes survient à un moment où le débat public est toujours agité par la forte fréquence des cas de viols. Et prouve que l'Inde n'est pas épargnée par les attaques de femmes à l'acide, un phénomène plus souvent associé, en Asie du Sud, à des pays comme le Pakistan ou de l'Afghanistan. Dans la plupart des cas, les assaillants sont des prétendants éconduits assouvissant leur désir de vengeance.
En Inde, l'ampleur des agressions est difficile à évaluer car les statistiques criminelles ne répertorient pas ce type d'attaques. Selon des chiffres officieux, leur nombre s'élèverait à une centaine de cas par an sur un total de 1 500 à l'échelle mondiale, selon l'ONG Acid Survivors Trust International basée à Londres. L'une des revendications récurrentes des organisations de défense des droits des femmes en Inde est l'interdiction de la vente libre de l'acide (connu sous le nom de " tezaab "), couramment utilisé pour nettoyer les outils rouillés.
L'agression de l'Uttar Pradesh relance le débat sur la manière dont les femmes sont traitées en Inde alors que la controverse ouverte par un viol collectif à New Delhi en décembre 2012 - une étudiante avait succombé à ses blessures - n'est pas retombée. L'affaire avait déclenché des manifestations sans précédent sur une question restée jusqu'alors largement taboue.
Vingt ans de prison
Les cas d'agressions sexuelles n'en finissent toutefois pas de défrayer la chronique, le dernier en date étant celui d'une touriste suisse victime d'un viol collectif à la mi-mars alors qu'elle campait en compagnie de son mari à proximité d'un village du Madhya Pradesh.
Le gouvernement du Parti du congrès a été contraint de réagir face à l'émotion collective suscitée par le viol de Delhi. Il a soumis au Parlement une nouvelle loi - adoptée le 21 mars - renforçant l'arsenal législatif en matière d'agressions sexuelles. Un violeur encourra désormais une peine d'au moins 20 ans de prison - jusqu'à la perpétuité, voire la peine capitale en cas de récidive ou si la victime décède.
L'attaque à l'acide est considérée comme un crime passible - en cas de blessures graves - d'une peine d'au moins dix ans et pouvant aller jusqu'à la perpétuité. Dans le cas de blessures moins graves, la peine de prison oscille entre 7 et 10 ans. Les ONG militent désormais pour le remboursement des frais - en général très élevés - occasionnés par des opérations de chirurgie esthétique.
Frédéric Bobin
Le Monde 5 avril 2013
Le Monde 5 avril 2013
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