C’est dans le silence que les manifestants se sont regroupés devant le portail de l’Assemblée nationale. « Nous réclamons la pendaison des assassins de Penda » : la violence des banderoles traduit le fort ressentiment suscité par la cruauté du crime.
Penda Sogué, 20 ans, a été piégée par un automobiliste qui s’est fait
passé pour un taximan. Elle a été conduite dans une chambre perdue dans
un quartier périphérique de Nouakchott où elle a été violée et
sauvagement mutilée par trois hommes. La jeune femme était en début de
grossesse.
L’appel à manifestation a été lancé a travers la presse et les réseaux
sociaux. Khaly Diallo est un des organiseurs de cette manifestation :
« À travers cette manifestation, on voudrait aussi montrer une autre
image, l'image de tous les Mauritaniens, noirs et blancs, solidaires
face à une Penda Sogué qui est innoncente et qui a été enlevée, violée
et assassinée. »
« C'est la femme qui est taxée de prostitution »
En Mauritanie, les viols restent souvent impunis du fait d’une
législation floue. Me Fatimata M’baye est présidente de l'Association
mauritanienne des droits de l'Homme. Elle constate que les victimes ont
souvent du mal à faire reconnaître les faits, y compris par les
médecins.
Devant les tribunaux, du fait d’une mentalité machiste, les victimes de
viols sont souvent culpabilisées. Aminetou Mint Moctar, présidente de
l’Association mauritanienne des femmes chefs de familles, explique :
« Il est extrêmement difficile de punir un violeur parce que c'est
la femme, toujours, qui est taxée de prostitution et de tout ça. Et
quand elle vient porter plainte en tant que victime, elle se transforme
en auteur. »
Selon les statistiques de l'ONG, pour la seule année 2012, ce sont près
de 500 cas de viols qui ont été enregistrés dans le pays.
Par Khalilou Diagana

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